10 Mai ou 23 Mai (suite et fin)

L’interlocutrice invoquée dans le message de AFCAM, le 16 Avril dernier sous le titre 10 Mai ou 23 Mai, semblait parfaitement être au courant de nos us et coutumes.

Universitaire de son état, chercheur au C N R S, l’intéressée avait beaucoup voyagé, et de ce fait n’avait pas une bonne opinion de l’évolution politique des territoires de la Caraïbe placés toujours sous tutelle, elle n'a donc pas manqué de me poser cette question majeure, dont pour moi à titre personnel mon interlocutrice connaissait la réponse…

… « Vous qui comme moi est un adepte résolu du droit des peuples de disposer d’eux-mêmes, quelle serait la réponse des habitants de vos îles sur une question posée par référendum, sur leur indépendance politique par exemple... »

C’est le genre de question qui appelle une réponse directe sans ambiguïté, dont néanmoins j’ai pû m’en sortir en faisant référence à des situations précises tels que l’Histoire, le contexte économique et social, un type d’éducation à forte dose de formatage, qui tout compte fait ont donné le piteux résultat, s’agissant pour la Guadeloupe et la Martinique, de la question du 7 Décembre 2003 portant sur une simple évolution administrative des statuts.

A ma connaissance la situation n’a pas évolué depuis, ce sentiment nationaliste n’ayant pas envahi massivement mes frère de race de la Caraïbe.(lire sur AFCAM, dans Chronique..Un rêve, et Prémonition)

Mais revenons au sujet du jour qui m’a valu une avalanche de questions… du genre…que s’est-il passé le 10 Mai, que commémore-t’on le 23 Mai, etc. venant de mes propres compatriotes caribéens, étonnant non.. !

C’est une vieille histoire qui a débuté vers la fin du xvè siècle ayant pour théâtre d’opération le Continent africain, puis les îles de la Caraïbe, et le terrain américain, dont les acteurs malheureux furent les personnes de race Nègre, victimes de la Traite et de l’Esclavage, au service de l’essor économique et du bien être de certaines nations de l’Occident, toute cette politique basée sur le Racisme, et le Mercantilisme notamment, arrosée de la sauce hypocrite de la Civilisation.

Nos ancêtres livrèrent par endroit des combats acharnés dans un contexte désespéré, et c’est à la suite d’une de ces luttes héroïques en terre martiniquaise, qu’il fut mis fin en Mai 1848, à cette pratique éhontée qualifiée de nos jours de crime contre l’Humanité depuis une loi de Janvier 2001.

Seulement voilà, un silence de plomb c’était abattu sur cette noire Histoire de la "patrie des droits de l’homme", et il aura fallu cette marche silencieuse et imposante de milliers d' afro caribéens dans les rue de Paris( France) un certain 23 Mai 1998 pour qu’enfin le masque de l’horreur tomba.

Depuis, le 23 Mai est devenu pour nous une date de haute dimension symbolique quand bien même le pouvoir politique nous a concédé un 10 Mai, pour nous souvenir.

Ainsi donc, dans un contexte qui deviendra de plus en plus difficile, tout Nègre de la diaspora, de quelle que origine, de quelle que nuance de couleur de peau, de quelle que mouvance ( 10 ou 23 Mai) devrait cesser impérativement son activité professionnelle, sans attendre un quelconque avantage en nature de l’Evènement, pour se joindre ici ou là aux manifestations organisées rendant à la journée retenue toute sa puissance collective de devoir de mémoire et du souvenir ; une démarche hautement intellectuelle.